Institut Culturel Karl Lévêque (ICKL)

Politique, Publications

La présence et l’action des mouvements sociaux dans l’actuelle conjoncture
Posté le mardi 21 décembre 2010 par icklhaiti

 

Par Marc-Arthur Fils- Aimé

Directeur de l’Institut Culturel Karl Levêque, (ICKL)

Le dimanche 28 novembre dernier ont eu lieu en Haïti des élections présidentielles, législatives pour l’ensemble des cent députés et le renouvellement d’un tiers du sénat. Comme il était à prévoir, ces joutes ont débouché sur des contestations véhémentes tous azimuts -nationales et internationales- et des manifestations de rue avec un fond de violence à travers presque tout le pays.

Comment comprendre ces derniers évènements ?

Dès l’annonce du déclenchement du processus électoral en mars-avril derniers après le terrible tremblement de terre du 12 janvier, les partis politiques impliqués dans cette mouvance, qui sont jusqu’à présent malheureusement tous de droite, avaient élevé leur voix pour dénoncer le Conseil Électoral Provisoire (CEP), cet appareil chargé d’organiser ces élections. Ils clamaient haut et fort qu’ils n’y participeraient pas sous l’autorité de cet organe qui, selon eux, est totalement inféodé au pouvoir. Ce furent les premiers soubresauts, annonciateurs des bouleversements de la semaine du 8 décembre.

Le président Préval qui a une certaine maîtrise du comportement de la classe politique traditionnelle à laquelle il s’est associé depuis le premier mandat du président Aristide au début de la décennie 90, n’a à aucun moment décidé d’apporter de modifications à la composition du CEP. Au contraire, avec l’appui de la communauté internationale qui est l’autorité de tutelle du pays depuis le départ de l’ex-président Aristide le 28 février 2004 et la principale maîtresse d’œuvre de ces élections, il a maintenu l’équipe des neuf conseillers jusqu’à aujourd’hui. Même en plein milieu de cette crise, il lui a accordé sa confiance dans sa première et seule intervention faite jusqu’à maintenant. Le chef de l’État en surestimant sa capacité de manœuvrer la gent politicienne, empreinte d’un grand mépris envers celle-ci, avait sous – estimé son impopularité au sein de toute la population. Il pensait que le peuple développait une allergie générale à la politique alors que ceci n’est vrai qu’envers une certaine politique dont il est le principale responsable pendant deux quinquennats. Les masses se cherchent ardemment.

En effet, au fur et à mesure de l’approche de la date fatidique et constitutionnelle de ce dernier dimanche de novembre, les actrices et les acteurs soit en se désolidarisant de leur parti, soit en suivant la courbe opérée par le leur, se sont alignés sur le calendrier officiel pour présenter leur candidature à l’une des trois instances à briguer citées ci-dessus. De prime abord, les organisations issues du mouvement social et les grandes masses populaires d’une façon générale, se montraient très peu intéressées aux élections. Elles avaient affiché une très grande indifférence vis-à-vis de tout le processus, une indifférence qui s’est intensifiée avec le louvoiement, le dévoiement et la trahison de la plupart des candidats à l’égard de leur parti respectif. Alors que les masses populaires et de plus en plus la couche inférieure de la petite- bourgeoisie sombrent dans l’indigence la plus complète sous la férule de la communauté internationale, la classe politique n’a jamais même esquissé un plan alternatif à leur situation. Apparemment, on dirait que la vie des gens se déroule parallèlement aux activités des politiciennes et des politiciens. L’émergence sur la scène politique nationale de Wycleff Jean, un artiste-vedette d’une aura internationale, a déclenché un premier choc inattendu.

Cependant, sa candidature à la présidence a été rejetée par le CEP parce que M. Jean n’a pas résidé pendant cinq années consécutives dans le pays, d’après le prescrit de la Constitution. Tout semble faire croire que l’appui d’une fraction de la jeunesse, surtout issue du milieu urbain, à cette nouvelle figure dans la jungle de la politique traditionnelle, a ébranlé la volonté de la population. Un autre artiste, Michel Martelly, a occupé l’espace laissé par M. Jean. On a constaté depuis, une sensibilité quant à ces élections dans certaines catégories sociales qui se définissaient progressivement. Ce sont des jeunes des quartiers populaires qui pour des raisons idéologiques très peu claires, offraient leur support à tel ou tel candidat plutôt qu’à tel ou tel parti politique sous la bannière de laquelle s’est présenté le candidat. Que peut- on dire en effet en effet du mouvement social d’une façon générale ? Le mouvement social haïtien ne s’est pas vraiment mobilisé dans l’actuelle conjoncture. Tout au cours de la campagne électorale, tous les candidats et les candidates, à l’exception de ceux et de celles du camp au pouvoir, n’ont pas cessé d’afficher leur méfiance vis-à-vis du CEP pendant qu’ils menaient leur campagne. Ce discours a emparé l’esprit des gens et a affecté négativement dans une certaine proportion la participation de plus d’un. Effectivement, le déroulement des votes a été d’un désordre total programmé en faveur du camp officiel, mais un désordre dont tous les partis ont profité à des degrés moindres pour augmenter leur chance de réussite. Grâce aux fraudes massives et aux irrégularités de toutes sortes presque dans toutes les circonscriptions territoriales, le poulain du président Préval est arrivé en deuxième position contrairement à l’attente presque générale. Ces élections ont constitué une occasion pour disqualifier le gouvernement qui n’a pris les mesures nécessaires ni pour contrer les méfaits du tremblement du 12 janvier 2010, ni pour panser les dégâts du cyclone Tomas et neutraliser l’expansion du choléra qui allonge quotidiennement le cortège de ses victimes. C’est pourquoi les personnes qui guettaient le suffrage du grand public sous le chapeau du parti du président, un parti monté à l’emporte-pièce en vue même de ces élections, ont mordu la poussière. Les magouilles qui ont éclaboussé le déroulement des votes ont caché dans une large mesure la grande abstention populaire. Celle- ci est aussi une autre façon choisie par bien d’autres pour exprimer leur mécontentement à l’égard des membres du pouvoir et de celles et ceux qui cherchent à les remplacer. Il n’y a pas eu de confrontation de projets entre un pouvoir et son opposition, car les deux camps participent d’une même matrice politique et idéologique. Mais, c’est plutôt un combat interne entre des prétendants d’un même bloc.

D’où est venue cette fièvre postélectorale qui a brûlé la société haïtienne ces derniers jours ? Le mouvement populaire haïtien s’est-il redressé de son mépris envers la classe politique qui la subjugue depuis plus de deux cents ans ?

Les fractions populaires qui ont extériorisé leur colère contre le résultat des élections proclamées par le Conseil Électoral Provisoire ne relèvent pas vraiment du mouvement social qui, en théorie, est composé de l’ensemble des forces organisées, quelles que soient leur influence réelle sur le terrain pratique. Les manifestantes et les manifestants dont la plupart sont dans une fourchette d’âge de 13- 14 ans à 25-26 ans crachaient leur exacerbation pour exiger le respect de leur vote surtout en faveur de Michel Martelly, ne sont en grande partie membres d’aucune organisation de masse ou d’aucun parti politique. S’ils n’avaient pas arboré les photos de leur candidat, il aurait été difficile de penser qu’il s’agissait d’un mouvement politique tant les mots d’ordre, les revendications réelles des masses étaient absents. Tout cela a facilité des violences inutiles, la présence marquée de bandits de grand chemin et la fin pitoyable de cette agitation. Cette agitation s’est amplifiée dans les rues par une sorte d’effet de boule de neige. Des gens qui n’ont pas encore l’âge citoyen de voter, ou qui n’ont pas pu voter parce qu’ils ne détiennent pas pour une raison ou pour une autre leur carte électorale réclamaient le respect de leur vote. Pourtant, ne faut-il pas maintenir seulement l’aspect physique du débordement populaire qui est l’expression d’un rejet radical du règne de Préval.

Le mouvement populaire haïtien a toujours été paralysé par les dictatures successives qui ont assombri notre histoire de peuple libre. Celle des Duvalier s’est révélée la plus meurtrière et la plus longue d’entre toutes. Le mouvement commençait à relever sa tête après le départ de ces derniers pour subir successivement à nouveau deux terribles coups de massue avec l’avènement du président Aristide en février 1991 et le Coup d’État du 28 septembre de la même année. Des militaires sous la dictée de l’impérialisme américain ont stoppé le premier élan populiste du prêtre devenu président quelque sept mois après son investiture. Il a été cette fois- là et jusqu’à date le premier et le seul président élu démocratiquement depuis la proclamation solennelle de notre indépendance, le premier janvier 1804. Avant la première occupation américaine, c’étaient les paysans que des grands propriétaires fonciers manipulaient à tous les moments pour parvenir au prix des luttes fratricides au timon des affaires de l’État, à la manière des caudillos latino- américains. Depuis quelques années, la classe des petits-paysans tend à s’organiser tant à un niveau national qu’à celui régional. Des associations paysannes de diverses natures sont éparpillées dans toutes les sections communales du pays Si cette classe se débarrasse peu à peu des griffes des grands propriétaires politiciens qui les conduisaient sans merci dans des batailles qui ne la concernaient pas en premier chef, elle ne s’est pas encore totalement affranchie de la nouvelle mouture de la classe politique traditionnelle qui détient toujours le secret pour infiltrer et détourner ses organisations en leur avantage. Le même constat se poursuit aussi dans tous les milieux urbains avec des organisations dont beaucoup d’entre elles, sont prétentieusement appelées populaires parce qu’elles ont seulement pris naissance dans un quartier défavorisé. Ce qui, au premier réflexe, semble une grande force, dissimule dans la réalité quotidienne une immense faiblesse parce qu’il n’existe pas malheureusement pour le moment un vecteur capable d’en fédérer les plus saines. L’initiative des luttes à caractère populaire a changé de camp. Aujourd’hui, ce sont les jeunes des quartiers populaires qui sont devenus la force principale des grandes sorties revendicatives politiques. Cependant, leurs mouvements quand ils ne sont pas spontanés, sont conçus à l’avantage d’un quelconque leader politique et dépourvus de toute autonomie. Ainsi, n’aboutiront-ils nulle part sauf à la promotion personnelle de quelques individus. Le mouvement syndical se trouve aujourd’hui très affaibli. La montée du chômage, la nouvelle orientation de la bourgeoisie locale à la recherche des profits immédiats dans le cadre de la globalisation au détriment de la liquidation des anciennes industries de substitution ont largement contribué au recul de l’organisation du prolétariat.

Le mouvement social est tout naturellement divisé parce qu’il renferme des groupes sociaux d’intérêts divergents et antagoniques. Beaucoup d’associations professionnelles, paysannes, socio-économiques se sont prononcées pour ou contre les élections sans pour autant que leur rôle ait pu influencer sensiblement le cours de ces évènements. Les classes travailleuses urbaines unies à celles rurales ne se sont pas encore montrées prêtes à utiliser leur force révolutionnaire pour diriger en faveur de toute la classe des exploités, leurs principales batailles politiques. La construction d’un parti politique digne de ce nom, le Camp du Peuple, Kan Pèp la, est à ce point à construire.

 

Politique

L’évangile du développement : entre théorie de la modernisation et théorie de la transition démographique
Posté le mercredi 27 mars 2019 par icklhaiti
Par Walner OSNA, Sociologue

Historiquement, le terme développement n’est pas nouveau dans le domaine économique et social. Il a été déjà présent dès 1908 dans l’ouvrage de Gustave Schmoller, Principes d’économie politique, dont le chapitre qui termine le volume V fut intitulé Principes théoriques du développement économique (Jean Ronald Legouté, 2001). Mais, il fallait attendre la première moitié du XXe siècle pour que ce terme prenne un essor important dans le monde. Et ceci, il allait devenir plus tard un objet d’étude et plusieurs disciplines en font des spécialisations. Ainsi, aujourd’hui on parle de : sociologie du développement, économie du développement, développement international, etc. Comment ce terme est-il devenu si important ? Selon plus d’un, le concept de développement a fait cette apparition d’envergure après la seconde « guerre mondiale » de 1939-1945. C’était le moment où la question de la reconstruction de l’Europe post-guerre était dans les débats en Occident.

Le politologue suisse Gilbert Rist (1996), dans son ouvrage, « Le développement : histoire d’une croyance occidentale » explique le contexte sociohistorique dans lequel le concept de « développement » fut inventé. C’est un contexte d’après-guerre, « la seconde guerre mondiale », où l’Europe avait été ruinée. Deux puissances de l’époque, les USA et l’URSS, se sont préoccupées de la situation de l’Europe, bien entendu pour des raisons différentes. Au lendemain de la guerre, la reconstruction de l’Europe était la préoccupation des puissances. Ainsi, les États-Unis ont élaboré le Plan Marshall pour relever l’économie européenne et trouver d’autres marchés pour leur production. C’est en ce sens que Rist (1996 :116) a écrit « D’où le lancement du plan Marshall, le 5 juin 1947, pour venir en aide à l’économie européenne et fournir des débouchés au gigantesque potentiel américain de production qu’il fallait reconvertir après la fin du conflit ». Mais, il y a aussi l’enjeu des pays d’Europe qui s’orientaient vers les « démocraties populaires ».

C’est dans un tel contexte que le concept de développement allait être inventé avec peu de préoccupation pour les sociétés « extra-occidentales ». Et selon Gilbert Rist (1996), face aux divers changements qui se produisent dans le monde, les États-Unis sont obligés d’adapter leur politique étrangère. Ainsi, dans la préparation du discours de l’ancien président étatsunien Harry Truman du 20 janvier 1949, un quatrième point a été proposé par un fonctionnaire et accepté après certaines hésitations. Les quatre piliers du discours étaient : le soutien de l’ONU par les États-Unis, la poursuite du Plan Marshall, la création de l’OTAN et l’extension de l’aide aux autres pays dits « défavorisés ». Au lendemain du discours, le « Point IV » a fait la une dans la presse étatsunienne.

Ainsi, on a donné la paternité de ce concept à l’ancien président étatsunien Harry Truman qui en fait allusion dans son discours du 20 janvier 1949. Le fameux « Point IV » du discours de ce président constitue un élément fondateur d’un nouveau paradigme, le développement. L’extrait suivant du point IV du discours nous donne une idée :

Les pays occidentaux sont développés, les autres pays sont sous-développés ; les causes du sous-développement sont internes au pays du Sud : ces derniers manquent de progrès techniques et économiques ; l’occident doit diffuser ses progrès pour développer les pays du Sud ; et cette mission se veut humaniste : il s’agit de supprimer « la souffrance des populations », « éradiquer les maladies ». [1]

Le sous-développement comme l’autre face de la médaille, le paradigme du développement, reste implicite dans le discours. Le mot « sous-développé » a été paru au premier paragraphe du « Point IV » du discours. D’où le couple dualiste et duel « développement/sous-développement ». Le mot « développement » n’est pas nouveau. D’après Rist (1996), les diverses utilisations le considèrent comme un phénomène intransitif qui tout simplement, « se produit », sans qu’on y puisse rien changer. Dans ce cas, le « sous-développement » est vu comme naturel. Cet évangile de développement a changé la vision du monde en introduisant un discours homogène et linéaire. La dualité « développés/sous-développés » insinue que le « sous-développement » constitue un stade, un retard par rapport aux autres et que les pays dits « sous-développés » puissent passer au stade de « développement » s’ils suivent le chemin des autres dits développés.

Il faut souligner que ce discours apparaissait également à une époque où le monde a été géopolitiquement divisé en deux grand blocs jusqu’à l’effondrement du mur de Berlin en 1989. À savoir, le bloc de l’Union de la République Socialiste Soviétique (URSS) qui est en face de l’ensemble des grands pays capitalistes dits développés. L’URSS représentait une menace pour les grands pays capitalistes surtout à une époque où il y avait une vague de décolonisation. L’un des enjeux de l’époque était le contrôle de ces pays nouvellement indépendants. Est-ce qu’ils vont se balancer du côté de l’URSS ou dans l’autre camp, celui des États-Unis ? D’ailleurs, le paradigme du développement a été élaboré par les États-Unis dans cette perspective, le contrôle des pays nouvellement indépendants.

Après avoir esquissé le contexte dans lequel le concept « développement » est apparu, on va d’abord présenter brièvement deux grandes théories : la théorie de la modernisation et la théorie de de la transition démographie. Ensuite, il s’agit de démontrer l’intime relation du « problème population » avec les enjeux du développement puis comment les théories alimentent cette relation. Et, on va déceler le tiraillement entre un souci de distanciation et une volonté de maintien de la logique de ces théories dans le monde institutionnel (organismes internationaux, ONG et autres) ainsi que le monde académique.

Deux théories d’un même paradigme : théorie de la modernisation et théorie de la transition démographique

L’économiste étatsunien Walt Witman Rostow est l’un des auteurs qui assoient le fondement de la théorie de la modernisation. On va se référer à son ouvrage « The stage of economic growth. A non-communist manifesto » pour dégager les bases de cette théorie. Dans son ouvrage, Rostow (1990) fait une classification des sociétés suivant leur niveau économique, ce qu’il appelle les cinq étapes de la croissance. En effet, il a élaboré une catégorisation de cinq types de sociétés correspondant à cinq stades de développement. La première qu’il appelle « société traditionnelle » est caractérisée par une agriculture de subsistance basée sur ce qu’il appelle « la science et la technologie prénewtoniennes ». La deuxième est le stade « prédécollage » qui a pour propriété : innovation, entreprise, science moderne, etc. La troisième est le « décollage [2] » qui a pour trait investissement et augmentation de l’épargne, élimination des obstacles à la croissance. Le quatrième stade est la « maturité » où la société atteint un haut niveau d’accroissement de l’investissement, des secteurs économiques nouveaux, une extension de la technologie moderne à tous les secteurs économiques.

À propos de maturité, il écrit : « formellement, nous pouvons définir maturité comme l’étape au cours de laquelle l’économie montre sa capacité d’aller au-delà des industries impliquées dans le décollage, d’absorber et d’appliquer efficacement dans leurs ressources les résultats les plus avancés de la technologie moderne [3] » (Rostow, 1990 :10). Le dernier est l’ère de la haute consommation de masse. Ce qui s’exprime à travers une diversification dans la production où les principaux secteurs se tournent vers les biens et les services. En d’autres termes, la production de biens et de services est à ce stade le moteur de l’économie puisque Rostow suppose que les revenus réels des citoyens vont atteindre un niveau tel qu’ils puissent se procurer les biens et services produits. En plus, c’est le moment où avec l’abondance, l’État met en place une « politique sociale » : « l’émergence de l’aide sociale étatique est une manifestation de la société qui dépasse la maturité technique, mais c’est aussi à ce stade que les ressources tendent à être dirigées vers la production des consommateurs durables et la diffusion des services aux masses, si des consommateurs souverains règnent [4] » (Rostow, 1990 :11). La théorie de la modernisation repose également sur le fétichisme de la croissance. On dirait qu’il y a une relation mécanique entre croissance et développement. Voici, en quoi consiste de façon sommaire la théorie de la modernisation de Rostow. De son côté, sur quoi se fonde la théorie de la transition démographique ?

Natalité, mortalité et fécondité sont des concepts de base de la théorie de la transition démographique. Cette théorie part d’un historique de l’évolution des « sociétés » en postulant le passage de celles-ci d’un stade traditionnel à un stade moderne. Elle indique que ce processus se fait en quatre phases. Dans un premier moment, jusqu’au XVIIIe siècle, il y a eu un équilibre à la hausse entre natalité et mortalité. Car, il y a eu presqu’autant de décès que de morts parce que le taux de mortalité a été aussi élevé que le taux de natalité. C’est la phase traditionnelle. Ensuite, au XVIIIe siècle, la montée de l’économie, le développement de la médecine et le progrès dans l’hygiène ont un impact sur la mortalité. Ainsi, le taux de mortalité diminue en Europe et en Amérique du Nord. Dans cette phase, les décès deviennent moins nombreux que les naissances. En outre, la mortalité poursuit encore sa baisse et la population ne cesse d’augmenter, car le taux de natalité est élevé. C’est ce que Paul Ehrlich (1970) appelle « bombe de population ». Finalement, cette perspective affirme qu’il arrivera un moment où les niveaux de mortalité et de natalité seront quasi équilibrés à la baisse. Donc, cela aboutira à la réduction de la croissance démographique. Et, en Europe, à la fin du XIXe siècle, il existait un équilibre entre naissance et décès. C’est tout ce processus que les démographes et sociodémographes de cette théorie décrivent comme transition démographique. Voici comment Jean-Claude Chesnais (2002 :455) a résumé les quatre phases de la transition démographique :

a) une phase de quasi-équilibre ancien, entre une mortalité forte et une fécondité forte ; b) une phase de recul de la mortalité et d’accélération de la croissance démographique ; c) une phase de baisse de la fécondité et de contraction de la croissance naturelle ; d) une dernière phase de quasi-équilibre moderne entre une mortalité basse et une fécondité basse, voire de déficit permanent, par insuffisance de la fécondité, pour garantir le remplacement des générations.

On doit mentionner que si tous les démographes ou sociodémographes se mettent d’accord sur l’idée de la transition, il n’y a pas d’accord sur la cause de celle-ci. Sur ce, on peut dire qu’il n’existe pas une homogénéité à l’intérieur de cette approche. Selon Piché et Poirier (1990), cela suscite des discussions se basant sur deux questions : d’abord, « quels sont les facteurs clés produisant la transition ? » et ensuite « quel est le rôle assigné aux facteurs démographiques dans la transition ? ». Ainsi, ils affirment qu’ « il existe donc plusieurs théories de la transition démographique » (Piché et Poirier, 1990 :180). On tenait à le souligner pour éviter toute interprétation qui pourrait assimiler ce travail à une idée homogénéisante et homogénéisée sur la transition démographique. Mais, le souci n’est pas de présenter les différents courants théoriques de la transition démographique. En fin de compte, quelles sont les ressemblances de ces deux théories ?

Similitudes entre les deux theories

Alors, toutes les deux théories se sont inscrites dans la continuité de la logique du discours de Truman. Elles véhiculent un modèle de développement calqué sur l’histoire des pays occidentaux capitalistes. La modernisation reste au centre des deux théories. Jean-Claude Chesnais (2002 :473) nous a dit : « l’idée de modernisation utilisée dans la théorie originelle de la transition démographique reste centrale ».

Et le « développement » des pays dits « sous-développés » ou « en développement [5] » ne peut qu’être impulsé par des forces exogènes. Ce qui implique et justifie l’intervention des pays occidentaux capitalistes. En plus, elles sont toutes imprégnées de l’eurocentrisme et de l’ethnocentrisme. Puisqu’elles portent, toutes les deux, leur regard sur les autres sociétés à partir de l’Europe et de leurs propres valeurs. Elles ont une approche linéaire et évolutionniste des sociétés qui ne reconnaissent pas que l’histoire des autres sociétés est différente de celle des pays capitaliste développés. Ainsi Bernard Hours (2007 :701) a expliqué que :

Le développement est à la fois une aspiration, un programme, une exigence. Le sous-développement est conçu comme un retard historique et le développement consiste à rattraper ce retard. Les rails sont posés (le progrès). La gare d’arrivée est programmée. La locomotive, c’est le développement. La perspective est évolutionniste et repose sur une croyance forte dans l’idéologie du progrès économique et social comme chapitre du progrès de l’humanité toute entière. L’émancipation de l’homme est attendue du progrès scientifique, dans une large mesure cantonnée aux sciences dures, comme le montre plus tard le n° 78 (Revue Tiers Monde, 1979) sur l’innovation scientifique au service du Tiers Monde.

Ces théories ignorent que ce processus de développement est intimement lié au mode de production capitalise qui s’impose au monde et « […] font abstraction des conditions sociales et politiques associées au processus de développement, les conceptions évolutionnistes (par étapes) et fonctionnalistes (en particuliers les théories de la modernisation) du développement » (Cardoso et Trèves, 1974 :111). De plus, « l’une des caractéristiques de l’occident est l’expansion et la consolidation du capitalisme comme mode de production. » (Nahavandi, 2001 :48). Donc, cette vision du développement est cohérente avec la logique impérialiste.

En plus, ces auteurs critiques au paradigme de développement écrivent : « notre critique tend à montrer que le développement est de par sa nature un phénomène capitaliste et qu’il ne saurait être dissocié du processus d’expansion du système capitaliste international et des conditions politiques dans lesquelles il se déroule » (Cardoso et Trèves, 1974 :111). Bon nombre des pays capitalistes développés sont des anciennes métropoles et en tant que tel construisent leur développement à partir du pillage des ressources des pays dits sous-développés. Ce processus d’enrichissement/appauvrissement et d’accumulation se fait à partir de l’exploitation coloniale esclavagiste.

Un ensemble de pays d’Amérique latine et d’Afrique classifiés comme sous-développés sont des pays anciennement colonisés. Et pour beaucoup d’entre eux, malgré l’absence des administrations coloniales, ils restent encore sous la domination et la dépendance des pays capitalistes impérialistes, anciennes métropoles ou autres grandes puissances capitalistes contemporaines. C’est ce que les théoriciens de la perspective décoloniale appellent « colonialité ».

En plus, tous les pays ne passent pas et ne sont pas obligés de passer de façon étapiste dans leur schéma linéaire et évolutionniste. D’ailleurs, même en Europe cela ne se faisait pas ainsi. Dans le cas d’Ayiti [6] , par exemple, il serait une incohérence et une contradiction avec les idéaux de la révolution de vouloir prendre le chemin du sang (colonialisme/esclavagisme) comme l’ont fait et le font encore aujourd’hui les puissances capitalistes pour parvenir à un « développement » du pays. La question de la population reste une préoccupation pour ces théories. Alors, comment est-il posé le « problème population » comme enjeu du développement à travers ces théories ?

Population : enjeu du développement

La population reste un enjeu important dans la définition des projets ou politiques de développement. Ce n’est pas sans raison que souvent on se réfère au constat de la croissance démographique de certaines sociétés, jugée alarmante, comme l’un des facteurs de leur « pauvreté » ou « sous-développement ». On fait la relation entre quantité de ressources disponibles et quantités de personnes existantes. En ce sens, Piché et Poirier (1990 :180) ont écrit : « mais, à partir du milieu des années 50, une « nouvelle orthodoxie » (Birdsall, 1977) s’est développé autour de l’idée que la croissance démographique constitue un obstacle au décollage économique dans les pays du Tiers-Monde ». Ce problème est tellement au cœur des enjeux du développement que divers organismes internationaux et organisations non gouvernementales font de grands investissements dans des programmes de contraception et de planning familial dans une série de pays dits « sous-développés » ou « en développement ». Et ceci dans le souci, parfois implicite et non déclaré, de contrôler le taux de natalité. Voici ce qui est écrit sur le site du Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) :

L’UNFPA est un partenaire clé dans le partenariat mondial de planification familiale 2020 (FP2020), qui vise à atteindre 120 millions de femmes et de filles avec des services de contraception dans 69 des pays les plus pauvres d’ici 2020. Cet objectif et la réalisation des objectifs de développement durable de l’UNFPA se concentrent sur quatre domaines clés : investir pour les adolescents et les jeunes ; une gestion efficace de la chaîne d’approvisionnement ; un financement durable pour garantir les fournitures et les services de planification familiale ; et une qualité des soins dans les services de planification familiale [7].

Mais, d’autre part, la quantité de jeunes est très élevée, on le considère comme un avantage pour le « développement ». Selon Nahavandi (2005 ), les jeunes adultes entre 15 et 29 ans représentent plus de 40% de la population. Cela peut traduire qu’il y a beaucoup plus de forces de travail qui perdureront dans le temps. Mais aussi, il est nécessaire pour la reproduction. Nahavandi (2005 :152-153) écrit encore : « en effet, les économistes reconnaissent qu’un nombre élevé de jeunes peut fournir un stimulant démographique à la croissance économique dans les économies où la productivité, l’épargne et les impôts soutiennent les populations moins actives ». Mais, toute chose existante a également son contraire selon le principe dialectique : « le rajeunissement de la population peut aboutir à une remise en cause de la société » (Nahavandi, 2005 :153). C’est aussi la logique sous-jacente de ce qu’on appelle le « dividende démographique ».

La question démographique dans ces theories

« Existe-t-il une corrélation entre les variables démographiques et les variables économiques » (Marcelle, 1981 :560). Voilà une question que pose Genné Marcelle dans son texte intitulé « La théorie de la transition démographique comme référentiel aux modèles démo-économiques ». Cette question nous indique clairement que le « problème population » est au centre de cette théorie. Car, cette perspective établit une relation entre croissance démographique et développement. De même que la théorie de la modernisation considère l’aspect démographique dans sa conception du développement des sociétés. En plus, elles s’inspirent de l’approche malthusianiste. Dans cette optique affirme Nahavandi (2005 :149) : « une première interprétation de cette relation consiste à dire que la croissance démographique constitue un obstacle au développement. La version la plus élémentaire de cette affirmation renvoie à l’économiste anglais Thomas Robert Malthus. »

Donc, il est clair que ces théories alimentent la relation entre population et développement en ce sens qu’elles donnent toutes, chacune à sa manière, une certaine forme d’explication à la « pauvreté » ou au « sous-développement » liée à la croissance démographique. Cette réflexion de Paul R. Ehrlich qui reste cohérent comme Rostow dans le discours occidental capitaliste en témoigne :

Chaque année, la production alimentaire dans les pays sous-développés est inférieure à la montée de la croissance de la population et les gens se couchent en étant affamés. En dépit des renversements temporaires ou locaux de cette tendance, cette conclusion inévitable s’impose : famine massive. Les riches vont devenir plus riches et les pauvres, plus pauvres [8] (Ehrlich, 1970 :13).

En fait, ce qu’on nomme « problème population » est au centre des théories de la modernisation et de la transition démographique. Ces théories sont encore d’actualité dans le monde contemporain. Elles continuent à influencer les discours « académiques » et institutionnels tout comme elles sont contestées et rejetées par plus d’un.

Entre continuité et distanciation avec ces theories

De nos jours, lorsqu’on observe les projets de développement des institutions internationales et des gouvernements [9] , on constate qu’on est encore en pleine continuité de la logique de ces théories. La vision qui traverse ces projets est restée en droite ligne de ces théories. Par exemple, le fétichisme de la croissance reste encore un point central. De plus, l’esprit impérialiste, ethnocentrique et eurocentrique n’est pas dépassé. La question de l’aide (au développement et/ou humanitaire) aujourd’hui n’est-elle pas une expression matérielle de ces théories ? Les politiques économiques néolibérales que les grandes institutions internationales imposent aux pays Sud traduisent également la dimension idéologique de ces théories. Cette continuité n’est pas l’apanage des organismes et des ONG. Elle existe également dans les milieux académiques tant en terme d’enseignement qu’en matière de production [10] . Il y a beaucoup de « scientifiques » qui s’inscrivent dans la tradition de ces théories et qui continuent à les enseigner. Nombreuses productions s’en inspirent. Donc, dans ses approches aucune de ces catégories ne considère la formation sociale et économique des sociétés. Elles sont aveuglées par leur lecture linéaire, évolutionniste, impérialiste et coloniale de la réalité des sociétés.

Toutefois, il y a une volonté de distanciation. On trouve des critiques de Joseph Stiglitz, Amartya Sen, Majid Rahnema, Jean Ziegler, etc. Joseph Stiglitz a été prix Nobel d’économie en 2001 puis vice-président et économiste en chef de la Banque Mondiale. Dans son livre « La grande désillusion », il est très critique et dénonce les politiques économiques qu’appliquent Banque Mondiale et Le Fond Monétaire International. Dans cet angle d’idées, il a écrit :

Dans la libéralisation du commerce, mais aussi dans les autres domaines de la mondialisation, même des efforts apparemment bien intentionnés ont souvent eu des effets néfastes. Quand des projets agricoles ou d’infrastructures recommandés par l’Occident, conçus sur les conseils d’experts occidentaux et financés par la Banque mondiale ou d’autres institutions se soldent par un échec, ce sont néanmoins les pauvres du monde qui doivent rembourser les prêts-sauf s’il y a effacement de la dette (Stiglitz, 2002 :36).

Sen (1990), prix Nobel d’économie aussi, de son côté, critique l’approche de la pauvreté par revenu en proposant l’approche par capabilité qui tient compte des aspects sociaux comme l’éducation et la santé sans questionner les politiques des institutions internationales. Majid Rahnema (2003), ancien représentant de l’Iran dans l’ONU, questionne le contenu du concept de pauvreté tel que défini et mobilisé par les gouvernements et les institutions ou organismes internationaux, en se demandant en quoi ce concept correspond-il à une réalité. Piché et Poirier (1990 :183-184) ont écrit en ce sens :

La théorie de la modernisation et de la diffusion des valeurs a été partiellement remise en question comme ne reflétant pas l’expérience concrète des pays du Tiers-Monde. Cette contestation coïncide d’ailleurs avec l’apparition dans le domaine plus large du développement économique d’une littérature critique demandant de « reconsidérer le développement » (Owens et Shaw, 1978). Essentiellement cette critique tente de montrer que croissance n’est pas développement et que l’on peut avoir l’un sans l’autre. Le vrai développement passe par l’amélioration des conditions de vie des masses Rurales (et urbaines) et l’augmentation significative de leurs ressources.

Jean Ziegler, ancien rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies de 2000 à 2008, le plus critique et radical de ces auteurs pense qu’il n’y a pas de solution avec le capitalisme. Ce dernier a écrit : « aujourd’hui, l’expression la plus frappante de l’inégalité parmi les hommes est évidemment l’ordre économique cannibale qui règne sur la planète » (Ziegler, 2014 :47). Et « l’effort des intellectuels ne sert aujourd’hui à rien s’il n’est pas capable non seulement de faire connaitre cet ennemi, mais encore de contribuer à donner aux hommes le pouvoir de le combattre et d’en triompher » (Ziegler, 2014 :293).

En guise de conclusion

On a pu voir comment le discours d’Harry Truman a ouvert la voie à un nouveau paradigme, le développement, malgré l’existence du terme longtemps avant ce discours. Ce discours va être mobilisé comme idéologie et stratégie pour que les États-Unis assoient leur hégémonie dans le monde. Plus tard, ce discours allait servir de vision qui oriente la production d’une série de théories telle que la théorie de modernisation et la théorie de la transition démographique. Deux théories qui s’inspirent de la même logique linéaire et évolutionniste du discours de Truman ne prenant pas en compte la singularité sociohistorique des sociétés.

D’autre part, on a vu que la question de population demeure un enjeu du développement. Les différents acteurs qui interviennent dans le domaine du développement considèrent cette question et souvent tentent d’y agir à travers des politiques ou programmes de contraception et de planning familial afin de contrôler cette variable. Et, la question démographique occupe une place importante dans les théories de la modernisationetde latransitiondémographique.

Cesthéories ont encore une influence dans le monde académique ainsi que le monde institutionnel (organismes internationaux, ONG locales et internationales…). Toutefois, elles ne sont pas exemptes de critique. À la lumière de Luc Boltanski (2009), on peut dire que certaines critiques sont réformistes en ce sens qu’elles ne remettent pas en question le mode de production capitaliste que ces théories servent et veulent conserver et d’autres radicales ou révolutionnaires qui considèrent la racine matricielle des phénomènes et donc qui voient la destruction du mode de production capitaliste pour aboutir à une alternative.

BIBLIOGRAPHIES

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CHESNAIS, Jean-Claude (2002). « La transition démographique : 35 ans de bouleversements (1965-2000), in J-C Chasteland et J-C Chesnais (dir) La population du monde. Géants démographiques et défis internationaux, INED :455-475.

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ZIEGLER, Jean. (2014). Retourner les fusils : choisir son camp, Paris : Seuil.

Articles

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LEGOUTÉ, Jean Ronald (2001). « Définir le développement : historique et dimensions d’un concept plurivoque », Économie politique internationale, Cahier de recherche, Vol. 1, no 1.

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OSNA, Walner (2013). « Mythe de la création d’emplois en Ayiti à partir d’investissements transnationaux », Haïti Liberté, Vol. 7, No. 11, (du 25 septembre au 01er octobre 2013), p.7.

PICHÉ, V. & POIRIER, J. (1990). Les théories de la transition démographique : vers une certaine convergence ?. Sociologie et sociétés, 22(1) : 179-192.

[1] « L’idéologie du développement : Des contradictions de la théorie aux désastres de la pratique », Les renseignements généraux publié en mars 2008 sur http://www.les-renseignements-genereux.org/var/fichiers/brochures-pdf/broch-dvlpt-20080217-web-a5.pdf consulté le 11 octobre 2018 à 20h10, p.3

[2] On peut voir que cette théorie est très présente en Ayiti dans les discours des gouvernments, on se rappelle de la propagande du premier régime Tèt Kale, « Haiti is opened for business », « Ayiti dekole ». Cela a influencé le discours des médias et des musiciens. « Dekole » est le titre d’une musique en Ayiti.

[3] « Formally, we can define maturity as the stage in with an economy demonstrates the capacity to move beyond the original industries which powered its take-off and to absorb and to apply efficiently over a very wide range of its ressources-if not the whole range-the most advanced fruits of (then) modern technology.

[4] « The emegence of the welfare state is one manifestation of a society’s moving beyong technical maturity ; but it si also at this stage that ressources tend increasingly to be directed to the production of consumers’ durable and to the diffusion of services on a mass basis, if consumers sovereignty reigns. »

[5] De plus en plus, de nos jours, on utilise plus le terme de « pays en développement ».

[6] Il faut souligner que depuis après l’assassinat de l’empereur Jean Jacques Dessalines, l’État et le peuple ayitien ont pris des directions divergentes et opposées.

[7] https ://www.unfpa.org/fr/planification-familiale, consulté le mercredi 10 octobre 2018 à 24h00

[8] Each year food production in undeveloped countries falls a bit further behind burgeoning population groth, and people go to bed a little bit hungrier. While there are temporary or local reversals of this trend, it now seems inevitable that will continue to its logical conclusion ; mass starvation. the rich are going to get richer, but the poor are going to get poorer.

[9] Dans le cas d’Ayiti, si on lit les différents plans de développement tels que le « Plan Stratégique de développement d’Haïti (PSDH) », on pourra constater que ces théories y restent le fil conducteur.

[10] Le discours d’un « professeur docteur » singiste-colonisé de l’Université d’État d’Haïti, affirmant que « si vous ne voulez pas le développement, on vous l’impose » en témoigne clairement.