HomeSociétéDéclaration de la mobilisation contre les accaparements de terres et l’exploitation minière dans les régions du Nord et du Nord-Est d’Haïti

Déclaration de la mobilisation contre les accaparements de terres et l’exploitation minière dans les régions du Nord et du Nord-Est d’Haïti

Déclaration de la mobilisation contre les accaparements de terres et l’exploitation minière dans les régions du Nord et du Nord-Est d’Haïti

Solidarité avec les paysans.nes haïtiens.nes en lutte pour la satisfaction de leurs revendications

Prévoyance, Savane-au-lait, (Ouanaminthe), 8 juin 2023

Nous, organisations et mouvements sociaux et populaires, organisations paysannes, organisations féministes, organisations de droits humains, venant des 10 départements du pays, réunies les 8 et 9 juin 2023 à Prévoyance, à l’initiative du Mouvman Peyizan pou Defann Enterè Savanolèt (MOPDES), et Kòdinasyon Peyizan Seksyon Kominal Ba Maribawo (KPSKBM), afin de réfléchir sur la situation générale du pays, notamment sur la nécessité de soutenir la lutte des petits.es paysans.nes en lutte pour la défense de leur droit à la vie, l’accès aux terres agricoles, la dignité de leur famille et de leur communauté face aux ennemis des paysans qui veulent détruire toutes les bases garantissant la vie dans leur communauté.

Nous exprimons notre pleine et entière solidarité avec les familles victimes de la grande inondation du 3 juin 2023, tuant des personnes, détruisant des maisons et des champs et emportant beaucoup de têtes de bétails. Deux (2) jours plus tard, un séisme a affecté la population de la ville de Jérémie et a causé d’importants dégâts. Nous nous tiendrons debout et fermes aux côtés de toutes les familles et communautés victimes. Nous leur manifestons toute notre solidarité agissante afin qu’elles recommencent à travailler et récupèrent ce qu’elles ont perdu dans cette double catastrophe. Rappelons que le changement climatique est le résultat du pillage et de l’exploitation orchestrés par le système capitaliste qui détruit la nature, pillant les richesses collectives des Peuples afin de gagner beaucoup plus d’argent sur la force des travailleurs et travailleuses. Les organisations progressistes du pays doivent mettre en place un plan spécial pour faire face au changement climatique afin que nous puissions continuer à produire de la richesse et défendre la vie dans de bonnes conditions. Le système capitaliste (système d’exclusion, de marginalisation, d’exploitation) devient de plus en plus vorace et nous affame pendant qu’il engrange des milliards de dollars de profit chaque jour.

Nous saluons la grande résistance du Peuple Haïtien aux quatre coins du pays face aux assauts répétés (massacres, assassinats, pillages, incendies de maisons, enlèvements, viols, accaparements de terres, arrestations illégales et diverses formes de répression), des oligarques, des forces impérialistes et de leurs alliés politiques depuis de nombreuses années pour bloquer ses revendications et le processus d’organisation des classes populaires. Nous constatons, avec encouragement depuis le 24 avril 2023, une nouvelle forme de résistance qui commence à neutraliser « les forces de mort » dans plusieurs régions du pays.

Nous unissons nos forces, dans le cadre de la grande mobilisation des forces sociales, populaires et particulièrement paysannes, à Prévoyance, pour réaffirmer le leit motiv de nos luttes : les terres agricoles appartiennent aux paysans.nes qui les mettent en valeur pour produire de la richesse, assurant la souveraineté alimentaire, protéger l’environnement et la biodiversité, pour défendre la vie.

Nous unissons nos voix pour dénoncer les accaparements des terres des paysans.nes et l’orientation des politiques gouvernementales visant à expulser les paysans.nes pour favoriser le développement du capitalisme à travers l’installation de zones franches, l’extraction minière, des projets touristiques et l’agrobusiness (la monoculture). Les autorités de l’État se rendent complices par omission, et/ou par actions en créant les conditions pour que les bandes armées puissent s’attaquer aux paysans.nes à travers tout le pays. Dans diverses communautés telles que Limonade (Nord), Papaye (Centre), Saint-Michel-de-L’Attalaye, Montrouis (Artibonite), Pitobert, Plaine de Maribahoux, Prévoyance (Ouanaminthe), des gangs sont utilisés pour chasser les paysans.nes et voler leurs terres. Les autorités étatiques (politiques et judiciaires) utilisent tous les mécanismes, en particulier des « bandits légaux » armés pour expulser les paysans.nes de leurs terres.

Nous dénonçons avec la plus grande force les actes de beaucoup d’autorités judiciaires, policières, politiques, en collaboration avec des bandits armés (tels que Estime SAINT-JUSTE, Henry-Claude NELSON…) dans le département du Nord-Est qui persécutent, violente et chassent, emprisonnent illégalement les paysans.nes, en vue de s’accaparer de leurs terres agricoles qu’ils/elles cultivent depuis plus de 86 ans, sur la base d’une décision de l’État établissant les colonies agricoles.

Nous dénonçons le gouvernement haïtien, en particulier le régime du PHTK, jusque dans sa 4ème version, à travers le Premier ministre de facto Ariel Henry, et tous ses alliés qui mettent en œuvre des politiques anti-paysannes et antipopulaires, soutenant les capitalistes, les politiciens corrompus et les gangs afin de chasser les paysans.nes sur les terres agricoles, de manière à détruire la production nationale, la biodiversité du pays et toute sa capacité à réaliser sa souveraineté alimentaire.

Nous réaffirmons notre ferme volonté de poursuivre inlassablement le combat pour la souveraineté alimentaire du Peuple haïtien, pour un modèle d’agriculture paysanne familiale agro-écologique, pour une réforme agraire populaire globale et l’application de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans (femmes et hommes) et toutes les personnes vivant dans les zones rurales (UNDROP), pour la prise en compte du Cahier National de revendications paysannes. Nous réitérons notre ferme volonté de poursuivre le combat pour la reconnaissance de l’énorme contribution de la femme paysanne haïtienne dans le processus de production au niveau national.

Nous nous engageons maintenir allumer la flamme de la mobilisation à travers tout le pays, notamment dans le Nord, le Nord-Est, le Plateau Central, l’Artibonite, (surtout à Saint-Michel-de-l’Attalaye, à Piâtre), etc. où les paysans.nes subissent toutes sortes de violences parce qu’ils/elles défendent leur terre, source de leur vie.

Nous, organisations signataires de cette déclaration, décidons de faire face à ces attaques et de défendre le droit des paysans.nes à avoir accès à la terre pour continuer à protéger la vie, la nature.

Nous exigeons la libération immédiate et inconditionnelle de nos camarades emprisonnés illégalement dans le Nord-est jusqu’à aujourd’hui encore, après que des bandits armés menés par Estime SAINT-JUSTE (ancien vice-délégué du PHTK) les aient kidnappés et emmenés de force au commissariat de Ouanaminthe, puis conduits à Fort-Liberté. Leur seul péché et de continuer à défendre leur propriété, garantie par le décret de septembre 1939, établissant les colonies agricoles, comme mesure humanitaire de l’Etat pour reloger les victimes du massacre de 1937) et d’autres régions comme Pitobert (la Plaine de Maribahoux). Ils doivent être libérés sans délai et leurs familles doivent être indemnisées pour toutes les injustices et préjudices qui leur sont causés.

Nous décidons de continuer à lutter contre l’exploitation minière, à travers notre campagne KANPE MIN, afin de créer un cadre favorable au développement de l’agriculture paysanne familiale agroécologique, et protéger la vie et les espaces de travail dans les communautés.

Nous demandons à l’INARA d’assumer ses responsabilités en mettant en œuvre toutes les décisions prises au cours des dernières années en faveur des paysans.nes pour garantir leurs droits sur les terres qu’ils/elles occupent, que ce soit dans les colonies agricoles, ou dans le cadre du processus de réforme agraire.

Nous nous engageons à mettre tout en œuvre afin de forcer l’État haïtien à élaborer et mettre en application des politiques publiques adéquates prenant en compte toutes les revendications des paysans.nes inscrites dans le Cahier National de Revendications Paysannes, un outil de la lutte paysanne en Haïti.

Les organisations et institutions participant à ces 2 journées de mobilisation s’engagent à participer à toutes les mobilisations et initiatives qui seront prises par MOPDES, KPSKBM, Tet Kole Ti Peyizan Ayisyen, MPP, et autres acteurs et actrices dans les régions du Nord, du Nord-Est et du Plateau Central, et partout où les paysans.nes luttent sans répit pour la satisfaction de leurs revendications.

Vive la lutte des paysans.nes à Prévoyance et tous.tes ceux.celles subissant des actes de violence,d’oppression et d’accaparement !
Non aux zones franches ! Non à l’exploitation minière !
Vive la solidarité entre toutes les organisations, prêtes à défendre le droit des travailleurs.euses paysans.nes à l’accès à la terre et tous les autres droits dont ils/elles disposent !
Vive la lutte pour un changement radical dans le pays !
Vive l’agriculture paysanne familiale agroécologique !
La justice climatique doit se réaliser dès maintenant !
Vive Haïti !

Organisations signataires de cette déclaration :
Mouvman Peyizan pou Defann Enterè Savanolèt (MOPDES)
Kòdinasyon Peyizan Seksyon Kominal Ba-Maribawo (KPSKBM)
Platfòm Ayisyen k ap Plede pou yon Devlòpman Altènatif (PAPDA)
Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen (TK)
Mouvman Peyizan Papay (MPP)
Solidarite Fanm Ayisyen (SOFA)
Kolektif Jistis Min (KJM)
Plateforme des Organisations de Défense des Droits Humains (POHDH)
Sosyete Animasyon ak Kominikasyon Sosyal (SAKS)
Institut Culturel Karl Lévêque (ICKL)

Pour authentification :
Wilnaire DESARMES, MOPDES (+509 3316-0070)
Guillaume Antoinéus JOSAPHAT, KPSKBM (+509 4358-9299)
Tania MERILIEN, SOFA (+509 3849-2692)
Camille CHALMERS, PAPDA (+509 3837-1899)
Origène LOUIS, TK (+509 3786-8573)

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roodaffair@gmail.com